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Vue Liquide Caroline Achaintre

La Fondation Thalie a le plaisir de présenter Vue liquide, une exposition monographique de Caroline Achaintre.

Tapisserie, aquarelle, vannerie, céramique : autant de techniques traditionnelles dont Caroline Achaintre s’empare pour constituer un carnaval de l’absurde. Ses œuvres sont comme des masques hagards, hilares, aux cris primitifs. Elle tient à ce qu’il y ait des ouvertures, bouches, yeux, orifices. Elle cherche l’intensité dans l’œuvre :  «  je suis intéressée par les sensations primaires. C’est pourquoi l’art préhistorique m’inspire : tout est dit et le superflu y est exclu. C’est un art très puissant. Le primitivisme est visionnaire, au cœur de tout. Mon intérêt pour les folklores carnavalesques européens puise son origine dans la tradition séculaire des masques, autant que dans la caricature de la société que le carnaval représente. »

Encore étudiante, l’artiste crée des fresques et des installations : elle conçoit des œuvres amples, inspirées par des formes architecturales. En 2002, afin d’en agrandir l’échelle et tout en conservant une forme de domesticité, elle transpose un de ses dessins en tapisserie. La tapisserie marque alors un mouvement vers la sculpture mais garde des qualités picturales. Ces œuvres sont massives, faites de matériaux organiques, souvent colorées, nécessitant un travail long et fastidieux : elles occupent l’espace et se jouent de l’architecture qui les entourent. Sa pratique de la sculpture s’affirme dès 2008 : Caroline Achaintre transpose alors ses aquarelles en objets, elle les plie et les monte sur des socles. Mais le papier reste fragile. Pour pallier à cela, l’artiste cherche le matériau qui pourra lui offrir à la fois malléabilité et stabilité. Ce sera la terre, travaillée en plaques. L’œuvre doit conserver une ambiguïté entre volume et surface. Si on l’interroge sur l’essence de sa pratique, elle répond : « Je me considère comme une sculptrice, même si mes tapisseries se situent entre la peinture et la sculpture. »

Dans ses expositions soigneusement composées, les grandes tapisseries colorées dialoguent avec les céramiques au plissé souple, reptilien. La laine s’inspire de l’expressionnisme allemand, la terre garde des empreintes de peau, les aquarelles coulent… Caroline Achaintre ne cesse de mettre au défi la matière pour créer une œuvre sensuelle et hors norme. L’artiste travaille le matériau pour lui insuffler vie : « Je veux que mes objets aient une présence immédiate, et non pas qu’ils soient l’illustration d’une idée ou d’une référence. Je suis aussi très intéressée par l’anthropomorphisme et la co-existence de plusieurs états dans une œuvre d’art, comme une sorte de personnalité multiple. La fluidité me permet de créer cet entre-deux, cet état de tension ! »

Ses sculptures ont une présence animiste, mi-animale mi-humaine, parfois inquiétante. Le faire et le labeur sont un des aspects importants de ce travail : Caroline Achaintre produit seule, dans son atelier. Elle cherche le rapport physique et direct avec la matière : « j’ai besoin de toucher les matériaux avec lesquels je travaille pour leur trouver un sens, sans cela je ne peux pas m’y projeter. Un dialogue doit survenir pendant le processus créatif, sinon je finis par perdre le contact avec l’œuvre, à ne plus parler sa langue. »

Les tapisseries nécessitent un travail préparatoire important (du dessin à la trame et à la sélection des laines). La céramique et l’aquarelle au contraire, puisent leurs origines dans un geste plus intuitif, spontané : il s’agit de définir une forme avant que la terre ne sèche. « Les œuvres en terre se font assez rapidement, aussi rapidement que me le permettent le séchage et la cuisson. Mais la mise en forme de l’argile doit être rapide et confiante, sous peine de sembler laborieuse. En revanche, une pièce en laine nécessite une temporalité plus longue”. L’ampleur de ses œuvres ainsi que le processus de fabrication (elle travaille du verso au recto) demandent davantage de préparation. Quant à la céramique, Caroline Achaintre invente la formules de ses émaux. Ils possèdent  des tonalités plus ternes que les laines des tapisseries, et ce, bien que la lumière s’y reflète toujours, du fait des surfaces brillantes, comme humides.

C’est donc par la matière et par le faire, par entêtements, par tâtonnements, que Caroline Achaintre est parvenue au fil du temps à construire une œuvre existentielle et paradoxale. Existentielle : ses masques nous renvoient une image grimaçante et drôlatique, tout de même (on n’a pas parlé de l’humour de Caroline, il faut lire les titres de ses oeuvres). Paradoxale : Inspirée par les traditions séculaires, l’artiste nous donne à voir une traduction plastique et un langage éminemment contemporains au style immédiatement reconnaissable.

Née en 1969 en France, élevée en Allemagne, basée au Royaume-Uni, Caroline Achaintre est une artiste de renommée internationale. Après une formation de forgeron, elle étudie les beaux-arts à Londres. Ses premières œuvres sont sur papier, puis elle travaille la laine dès 2002, la terre en 2009, l’osier en 2010 et expérimente les costumes et la performance en 2015. Influencée par la sculpture britannique d’après-guerre, les arts premiers, le design Memphis, les cultures urbaines (la musique goth ou métal, les films d’horreur, la science-fiction, etc.), elle a su développer une œuvre unique. Caroline Achaintre a participé à de nombreuses expositions, notamment Making & Unmaking au Camden Arts Center, London en 2016, Entangled: Threads and Making, Turner Contemporary, Margate en 2017, le 13e Triennale des pays baltes en 2018 et Another Banana Day for the Dream-Fish au Palais de Tokyo, Paris en 2018. Ses expositions personnelles incluent Present/Future, Illy Prize, Castello Di Rivoli, Turin (2014); Caroline Achaintre, Art Now, Tate Britain, Londres (2015); Duo Infernal, Art: Concept, Paris (2018);  Permanent Wave, Belvedere21, Vienne (2019); Scanner, Arcade, Londres (2019); Caroline Achaintre, MO.CO, Montpellier (2019).
En février 2021, Caroline Achaintre sera exposée au CAPC – musée d’art contemporain de Bordeaux à l’occasion de l’exposition monographique Permanente, étape finale d’un projet itinérant conçu en coopération avec Belvedere 21, Vienne ; le MO.CO. Panacée, Montpellier ; et la Fondazione Giuliani, Rome.
Caroline Achaintre est représentée par la Galerie Art : Concept, Paris et Arcade, Londres & Bruxelles.

Commissariat : Nathalie Guiot
Texte : Vincent Honoré, Directeur des expositions au MO.CO. Montpellier

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Entrée 7€ / 5€* / Gratuit**
Réduit* : demandeurs d’emploi, -26 ans, membres SMART
Gratuit** : étudiants et les enfants de moins de 12 ans
Visite de groupe guidée (8p. min.) : 15€

Pour assurer votre sécurité et respecter les conditions sanitaires, nous avons mis en place les mesures suivantes :

  • Port du masque obligatoire 
  • Mise à disposition de gel hydroalcoolique 
  • Jauge de l’exposition limitée à 37 personnes 

Dans le cadre d’EXTRA, avec le soutien de l’Institut Français et du Service de Coopération et de l’Action Culturelle de l’Ambassade de France en Belgique