Conversation avec Kiki Smith à l’occasion de son exposition à la Fondation Thalie, Inner Bodies.
Inner Bodies rassemble un corpus d’une trentaine d’œuvres, sculptures, tapisseries et céramiques des années 2000, qui sont, pour la plupart, présentées pour la première fois à Bruxelles. On y retrouve l’appétence de l’artiste à représenter la matérialité des corps mais aussi la cosmogonie au travers des cultures. Son œuvre incarne un panthéon du féminin dans des forêts habitées d’un bestiaire cosmique.
Biographie :
Kiki Smith (Américaine, née le 18 janvier 1954) est une sculptrice d’origine allemande connue pour ses œuvres qui traitent de thèmes corporels, de l’abjection et de la sexualité. Née dans une famille d’artistes – son père était le sculpteur minimaliste Tony Smith (américain, 1912-1980), et sa mère la chanteuse d’opéra Jane Lawrence Smith – elle a grandi dans le New Jersey. Elle a fréquenté la Hartford Art School dans le Connecticut avant de s’installer à New York dans les années 1980, où elle est devenue un membre actif de la scène artistique de l’East Village.
Son travail a reçu une attention significative en 1990 lors de son exposition pour la Projects Room du Museum of Modern Art. Bien qu’elle se soit familiarisée avec le minimalisme dès son plus jeune âge, son travail se rapproche davantage des sculptures des artistes féminines Louise Bourgeois (Américaine/Française, 1911-2010) et Eva Hesse (Américaine, 1936-1970), deux artistes actives dans le mouvement Anti-Form, qui ont créé des objets défiant la fabrication traditionnelle d’objets. Les sculptures Body Art de Smith mettent ironiquement en parallèle les représentations érotiques des femmes dans l’histoire de l’art et exposent simultanément les constructions du genre et de la sexualité. Les systèmes biologiques qu’elle évoque dans ses sculptures, notamment le sang, le sperme, le lait maternel et l’urine, servent souvent de métaphores à la nature socialement construite de l’identité.